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“Le Lyon-Turin ne passera pas chez moi !”

Posted by ardsl sur 19 mars 2012

Entre Isère et Savoie, la grogne grandit de jour en jour le long du tracé. Après l’Italie, la colère des “No-TAV” a traversé la frontière. Les uns revendiquent la non-violence tandis que d’autres signent d’un coup de peinture leurs actes de sabotage à défaut de les revendiquer. L’enquête d’utilité publique, qui se termine lundi 19 mars, a ravivé les tensions.

Avressieux, son château, ses bosquets, ses marais bordant les champs de maïs, sa tranquillité à peine troublée par le grondement des tracteurs.

“C’est le genre de coin dans lequel tout le monde rêverait d’habiter. Et vous voulez voir passer des trains à plus de 200 à l’heure ?”

Christian Lovet n’est pas un excité. Mais son sang n’a fait qu’un tour quand il a découvert le tracé de la future ligne Lyon-Turin. L’image du village savoyard bucolique a viré au cauchemar le soir de la réunion publique des opposants au projet. C’était il y a deux semaines. Depuis, il ne décolère pas. Tout comme Richard Mangeolle, qui a pris la tête de la révolte depuis l’ancien café devenu le QG du collectif de défense.

L’immobilier aurait déjà baissé de 30%

Sur leur site internet, c’est aussi beau qu’un train électrique sous un sapin de Noël”, ironise-t-il avant de décrire le spectacle d’apocalypse qui attendrait les habitants : allers-retours incessants de camions dans des nuages de poussière, maisons rasées, terrains agricoles rayés de la carte…

En moins d’un mois, la révolte s’est propagée tout le long du tracé : La Tour-du-Pin, Chimilin, Romagnieu, Avressieux, Belmont-Tramonet… C’est le front commun des agriculteurs et des néoruraux venus goûter la verdure et le calme à des prix abordables. Ils risquent de l’être encore plus, prévient Olivier Cabanel, président de la coordination Ain, Dauphiné, Savoie si le train pointe le bout de sa locomotive : “la seule annonce du projet a déjà fait baisser le prix de l’immobilier de 30 % dans les communes concernées.” À vérifier, mais l’argument fait mouche. Tout comme celui de l’exploitant agricole Christian Provent : “on nous demande de produire plus propre tout en répondant aux besoins des habitants. Et on vient supprimer des dizaines d’hectares de terre cultivable.

Un projet inutile, ruineux et dépassé. Leur verdict est sans appel. Contre-enquête à l’appui. Ils disent qu’une modernisation de la ligne historique suffisait largement à répondre aux besoins des voyageurs comme des transporteurs. C’est le fameux plan B qui circule de mains en mains dans les associations d’opposants.

L’enquête préalable à la déclaration d’utilité publique se termine aujourd’hui dans les 71 communes du Rhône, de l’Isère et de la Savoie concernées par le tracé. Mais elle ne changera rien à la volonté des associations de faire capoter le projet. “Nous resterons non violents, mais nous ne lâcherons pas,” prévient Olivier Cabanel, assurant que ses troupes n’ont aucun lien avec les actions récentes. Le 1er mars à Lyon, un groupe interrompait le trafic (lire). Le 10 mars, un commando sabotait la voie ferrée en Savoie avant de signer “No TAV” comme les opposants italiens (lire). Le 12 mars, deux camions étaient incendiés à Saint-Martin-d’Hères pour dénoncer “les collabos du TAV” (lire).

La colère des Italiens du Val de Suze est maintenant bien partagée de ce côté des Alpes.

Ils redoutent un “saccage paysager catastrophique

De Grenay à Chimilin, le tracé de la future ligne nouvelle Lyon-Turin traverse l’ensemble du Nord-Isère, en épousant celui de l’autoroute A 43 quand cela est possible. Ce qui n’empêchera pas la construction de grands ouvrages d’art (ponts et viaducs) et de tunnels pour franchir l’autoroute, les rivières ou les buttes balisant l’itinéraire. Et ce grand chantier qui va bouleverser la vie des riverains est loin de faire l’unanimité.

La commune de Villefontaine, la communauté d’agglomération Porte de l’Isère et la Ville de Bourgoin-Jallieu ont émis un avis favorable au projet, tandis que celui du conseil général de l’Isère n’est que partiellement favorable, sous la condition express que la mise en service de la ligne grande vitesse soit précédée de celle du contournement ferroviaire de Lyon et de réserves concernant l’insertion dans l’environnement.

Mais l’ouverture de l’enquête d’utilité publique n’a fait qu’amplifier la grogne sur toute la ligne. L’association Frontonas Vigilance TGV, créée en 1992, demande notamment la réalisation de protections phoniques.

Un viaduc de 20 mètres de hauteur et de 900 mètres de longueur

Les habitants du Bourg, à L’Isle-d’Abeau, et ceux de Saint-Marcel-Bel-Accueil redoutent la construction d’un ouvrage hydraulique et routier sur les deux communes, qui impacterait 3 000 à 3 500 habitants dans un périmètre de 300 à 1 500 mètres. Des inquiétudes partagées par l’association Saint-Savin Vigilance qui dénonce un projet flou.

À Chimilin, le maire n’hésite pas à parler d’un “saccage paysager catastrophique” avec “la pose d’énormes merlons et surtout la création d’un viaduc de 20 mètres de hauteur et de 900 mètres de longueur” qui, depuis Saint-Didier-de-la-Tour et La Bâtie-Montgascon, va déboucher dans le village.

(Avec Le Dauphiné Libéré).

2 Réponses to ““Le Lyon-Turin ne passera pas chez moi !””

  1. Grandcollot Benoit said

    Ces gens que je respecte, on ne les a jamais vu bramer contre les routes et autoroutes à ce que je sache ??? Qui sont bien plus polluantes en termes de bruits, de CO2, etc….. Bien collectif contre bien-être privé, aïe, aïe, aïe … !!! L’essence n’est pas encore assez chère….

  2. Raphaelle said

    Bonjour;
    Pourriez-vous me communiquer une adresse mail ? Je voudrais vous inviter à participer à un débat organisé par Newsring sur la liaison TGV Lyon-Turin.
    http://www.newsring.fr/local/532-pour-ou-contre-la-liaison-tgv-lyon-turin/reperes

    Merci !

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